Table ronde – « Contre-informer, résister, exister : les médias au cœur de la bataille contre les anti-genre »

Contexte :
Nous traversons un moment charnière pour les démocraties européennes. Portée par l’extrême droite, la vague anti-genre s’intensifie, articulant offensives idéologiques, violences symboliques et recomposition des appareils médiatiques. Les espaces d’expression critiques — féministes, antiracistes, queer — sont souvent marginalisés, disqualifiés ou attaqués, dans un climat où les discours haineux sont banalisés, y compris dans les médias dits « mainstream ».

Cette bataille culturelle se joue dans et par les médias. L’extrême droite a parfaitement compris leur puissance stratégique : elle les infiltre, les finance, y façonne ses récits. La concentration des médias aux mains de groupes conservateurs, comme en France celui de Bolloré, alimente une homogénéisation idéologique, où les perspectives minoritaires sont réduites au silence ou déformées.
Les récits dominants fabriquent une vision sécuritaire et réactionnaire du monde, où les luttes féministes, LGBTQIA+ et décoloniales sont dénigrées, pathologisées ou criminalisées.

Sur les plateformes numériques (X, TikTok, Instagram, YouTube…), les logiques algorithmiques accentuent la polarisation. Les discours d’extrême droite y prospèrent, tandis que les contenus féministes, queer ou antiracistes sont censurés, déréférencés, ou ciblés par des campagnes de harcèlement. La parole minorisée n’est pas seulement fragilisée : elle est rendue illisible.

Cette offensive médiatique n’est pas un épiphénomène : il s’inscrit dans une démarche idéologique néolibérale et autoritaire, transnationale, qui instrumentalise la liberté d’expression pour délégitimer les luttes et réaffirmer un ordre patriarcal, raciste et capitaliste.

Et pourtant, la riposte s’organise. Des médias indépendants, des collectifs de journalistes, des artistes et activistes inventent des formes de narration ancrées dans les luttes : zines, podcasts, newsletters, radios libres, chaînes vidéos.
Ces pratiques, souvent situées dans les marges, participent d’une contre-hégémonie médiatique, subversive et collective.

Cette table ronde, pensée comme l’un des temps forts du festival Les Marges en Feu !, entend donner la parole à celles et ceux qui refusent de céder le terrain du récit. Le festival, porté par une dynamique féministe intersectionnelle et transnationale, prolonge les réflexions du projet européen FIERCE, dans un geste politique de partage, de résistance et de transmission.


Objectifs de la session :

  • Interroger le rôle central des médias dans les stratégies de l’extrême droite et des mouvements anti-genre et anti-étranger.

  • Analyser les effets de la concentration médiatique sur la pluralité démocratique et les capacités d’expression des luttes.

  • Visibiliser les résistances portées par des médias indépendants, féministes, queer, antiracistes et populaires.

  • Explorer les logiques numériques de viralité des discours haineux et les formes contemporaines de censure algorithmique.

  • Nourrir les convergences entre celles et ceux qui, dans les marges, construisent des récits alternatifs.

  • Partager et imaginer collectivement des outils, des formes et des pratiques médiatiques capables d’agir au-delà de l’ordre dominant.

Lieu : Les Arches Citoyennes, 3 Place de l’Hôtel de Ville, 75004 Paris

Date & Heure : Samedi 7 juin | 12:45 – 14:15

Langue(s) : Anglais & français (traduction simultanée)

Intervenant·es : Sandra Alloush, Zsofi Borsi, Léane Alestra, Sian Norris, modérée par Rozenn LeCarboulec

INSCRIPTION ICI