Table ronde – « Féminismes sous attaque, démocraties en jeu : résistances noires, queer et décoloniales face au backlash »
Contexte :
En France comme en Europe, le backlash contre les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+ s’inscrit dans un projet politique autoritaire, transnational et structuré.
Portés par des gouvernements conservateurs et des mouvements anti-choix, les discours « anti-woke », anti-féministes et anti-décoloniaux s’imposent au cœur du débat public. Ils s’attaquent frontalement aux droits sexuels et reproductifs, à l’égalité de genre, aux luttes antiracistes, écologistes et décoloniales, ainsi qu’aux espaces critiques de pensée. Il ne s’agit pas de dérives isolées. C’est une offensive idéologique globale, visant à restaurer un ordre social hiérarchisé, blanc, bourgeois, hétéro-patriarcal et nationaliste.
En France, sous couvert de laïcité ou de sécurité, cette dynamique se traduit par la criminalisation des mouvements antiracistes et décoloniaux, la surveillance des associations antiracistes et la répression des voix féministes racisées. Des chercheur·ses sont ciblé·es pour leurs travaux sur le genre ou la race, des collectifs sont dissous, les femmes musulmanes exclues de l’espace public, pendant que la lutte contre les violences sexuelles est instrumentalisée pour légitimer des politiques migratoires sécuritaires et xénophobes.
Ce détournement fait partie d’un glissement plus large : celui qui consiste à désigner certaines voix féministes comme menaçantes, illégitimes ou « dangereuses ». C’est dans ce contexte que les féminismes intersectionnels noirs, queer, afrodiasporiques, musulmans et décoloniaux sont régulièrement ciblés. Fréquemment accusées d’« extrémisme », de « séparatisme », de « communautarisme », elles sont reléguées à la marge et disqualifiées dans le débat public.
Si ces voix – noires, queer, musulmanes, anti racistes et décoloniales – sont violemment attaquées, c’est parce qu’elles représent une menace réelle pour l’ordre établi. Parce qu’elles mènent de front les combats contre les violences policières, la précarité, le racisme systémique, l’impunité patriarcale et la destruction du vivant. Ces féminismes refusent de hiérarchiser les luttes. Depuis les marges — et contre elles — elles inventent des pratiques politiques enracinées dans le soin, la justice, la mémoire des résistances. Elles sont en première ligne des combats pour l’égalité, la dignité, les droits, la sécurité, la justice climatique.
Comme le disait Bell Hooks, « les marges sont le lieu de la radicalité », là où se forgent les visions les plus transformatrices de la société. Et pourtant, elles restent structurellement invisibilisées, sous financées, marginalisées dans les sphères militantes et institutionnelles. Or la démocratie ne peut être défendue sans celles qui en subissent les angles morts.
Cette table-ronde propose de renverser le regard : de penser les féminismes noirs et intersectionnels non comme périphériques, mais comme centraux dans la défense et la réinvention de la démocratie.
Dans le cadre du festival Les Marges en Feu ! – Margins: On Fire! cette table ronde entend faire entendre ces voix essentielles. Parce que ce festival est un espace radical de convergence féministe et transnationale, il est crucial d’y poser la question suivante : De l’égalité de genre, aux luttes pour la justice raciale, écologique et décoloniale : comment les féministes intersectionnelles façonnent-elles la démocratie et l’avenir ?
Objectifs de la session :
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Réaffirmer le rôle des luttes féministes intersectionnelles dans la défense, la réinvention et la régénération démocratique.
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Donner une visibilité centrale aux mouvements afroféministes, antiracistes et décoloniaux queer et musulmanes dans le contexte actuel de répression globale.
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Partager des analyses stratégies collectives face aux violences systémiques(politique, juridique) et à la marginalisation politique.
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Penser l’intersectionnalité comme levier de transformation démocratique, sociale et institutionnelle.
Lieu : Les Arches Citoyennes, 3 Place de l’Hôtel de Ville, 75004 Paris
Date & Heure : Samedi 7 juin | 16:15 – 17:45
Intervenant·es : Louna Sbou, Scarlet (MWASI), Anikó Orsós, Paula Doyle, modérée par Nasteho Aden
Langue(s): Anglais & Français (traduction simultanée)
INSCRIPTION ICI